9h45 : au départ du parking
des Cabassols, à Vauvenargues,
Viviane et Oscar m’accompagnent un moment puis rebroussent chemin. Oscar,
planté sur place, ne sait plus qui il doit suivre…
Le GR 9 s’engage par le chemin
des Venturiers à l’assaut du versant nord de la montagne Sainte-Victoire.
Cette immense masse calcaire
des Préalpes du Sud, dressée à l’est d’Aix-en-Provence, a surgi il y a 70
millions d’années, étalant autour d’elle sédiments calcaires et argiles rouges,
creusée de grottes et de gouffres. Elle fut immortalisée par Cézanne qui l’a
peinte une soixantaine de fois.
J’emprunte d’abord une large
piste carrossable qui monte en milieu forestier jusqu’à l’altitude de 722 m . A ce point, je
retrouve un randonneur allemand entrevu au départ. Assis sur un banc, nous
faisons une petite pause.
A partir de cette altitude, la
végétation change. Le sentier serpente dans une lande broussailleuse où se
mêlent plantes alpines et méditerranéennes. Le chemin de l’ancienne enceinte du
prieuré a été réhabilité et enroché pour prévenir l’érosion. En lacets il
atteint le prieuré de Sainte-Victoire, datant du XVIIe
siècle. Une des ailes du monastère sert de refuge.
Cet édifice est en cours de
réfection par une association locale. Un chantier y est d’ailleurs en cours.
Discussion avec des membres de l’association qui y travaillent aujourd’hui,
montés à pied pour la plupart depuis la fin du chemin carrossable.
Un peu plus haut, à 946 m , culmine la croix de
Provence qui domine le massif et s’aperçoit de toute la région. Beaucoup
de touristes sur le site, dont mon Allemand…
Le GR 9 va maintenant se
poursuivre vers l’est sur la crête, vaste étendue calcaire désertique que même
les moutons ont désertée, et seulement parcourue par les randonneurs. Sur ce
sol karstique où affleurent les pierres creusées et sculptées par les pluies,
le sentier n’existe plus. Il faut se frayer un passage entre les rochers,
suivant un balisage incertain.
Retrouvant la solitude, je
m’arrête à hauteur du Signal (969
m ) pour casser la croûte : vue splendide sur le
Grand Lubéron au nord et Vauvenargues dans la vallée.
Je poursuis ma randonnée dans ce
désert calcaire à maigre végétation buissonnante.
Je chemine sur la crête entre les
deux versants, passe ainsi au Bau des Vespres, à la brèche de Genty et atteins
le pic des Mouches (1011
m ), le point culminant. Quelques points de passage
difficiles pour y accéder avec des chaînes en main-courante crochetées dans le
rocher. D’ailleurs les filles d’un groupe qui arrive en sens inverse refusent
de s’y risquer en me voyant dans des positions acrobatiques le long de la paroi. Seuls les
garçons s’y aventurent.
Les crocus fleurissant émergent
entre les pierres ; un crave à bec rouge s’envole de la falaise.
Refuge pour l’avifaune, la Sainte-Victoire
est une précieuse réserve ornithologique d’espèces en voie de disparition. Une
table d’orientation sur le pic permet un panorama circulaire de premier ordre.
Après le pic des Mouches, je
poursuis ma randonnée sur la crête, toujours vers l’est. La sente est plus
marquée, plus facile aussi. Un autre sentier monte du col des Portes.
Bientôt la crête s’abaisse. Le GR
retrouve une couverture forestière, notamment pins d’Alep et chênes verts.
Arrivé à l’oratoire de Malivat, colonne isolée à 776 m , je délaisse la ligne
de crête principale pour me diriger sur le flanc méridional du massif.
Une éprouvante descente plein sud
dans la rocaille m’attend maintenant, plongeant sur la ligne de plus forte
pente vers Puyloubier. J’atteins le village et je gagne à 17h15, un peu
en retrait du parcours, le camping où nous avions dormi hier et où sont
installés Viviane et Oscar. Content d’enlever les chaussures après cette
dernière et magnifique journée de randonnée.
Le camping est situé juste au
pied de la montagne, s’insérant dans la garrigue environnante. A la tombée de
la nuit, le cri de parade du hibou petit-duc, note unique, douce et régulière…
*****
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire