Aujourd’hui je pars pour une
marche sur le massif de la
Sainte-Baume .
A 9h15, Viviane et Oscar
m’accompagnent jusqu’au moment où le sentier commence à grimper. Valse-hésitation d’Oscar qui ne sait qui il doit suivre ! Je m’engage dans
la forêt.
Cette forêt-relique, remarquablement protégée, et cette montagne de la Sainte-Baume peuvent
être comptées parmi les plus grands lieux sacrés de France.
La forêt est qualifiée de chênaie pubescente, forêt épaisse exposée au
nord à l’abri de la haute falaise. Bénéficiant ainsi d’un micro-climat, cette
forêt de 130 ha
serait le reste de la forêt qui couvrait la Provence à la fin de l’ère tertiaire. Les
chênes et, plus haut, les hêtres ont plusieurs siècles d’existence. Humidité,
fraîcheur, moisissures, mousses, lichens et champignons y dominent.
La traversée de cette forêt est
réglementée, et il est demandé de rester impérativement sur les sentiers balisés et
ne pas s'en écarter. Le GR attaque la montée vers la crête par un sentier
taillé en marches d’escalier pour éviter le ravinement. La pente s’accentue. J’atteins
une intersection. C’est le chemin d’accès au sanctuaire Sainte Marie-Madeleine. Je fais le détour pour
atteindre le sanctuaire (860 m ).
150 marches d’escalier pour accéder à la grotte. Une pietà, monumentale, représente la 13e
station d’un chemin de croix, inaugurée en 1914.
La grotte aurait été selon la tradition le refuge de Marie-Madeleine
qui y aurait vécu les trente dernières années de sa vie, après avoir accosté
aux Saintes-Maries-de-la-Mer ou à Marseille et évangélisé la région. Depuis
1295, taillé à flanc de falaise, le couvent est gardé par des Dominicains.
La grotte Sainte Marie-Madeleine
Je quitte le sanctuaire au moment
où un groupe de randonneurs arrive sur ces entrefaites.
Le GR entreprend maintenant
d’atteindre la crête, d’abord aisément sous forêt puis dans la rocaille au
milieu de gros blocs calcaires. C’est par le col du Saint Pilon (952 m ), étroite échancrure
dans les falaises, que j’atteins la crête. On devrait avoir un large panorama ;
mais l’horizon est bouché par la brume.
Le massif de la
Sainte-Baume , avec ses nombreuses grottes et avens, est le
principal château d’eau de la basse Provence où prennent leur source toutes les
rivières de la région.
La formation du massif de la Sainte-Baume a la même origine que le plissement
pyrénéen. Il y a 65 millions d'années, la péninsule ibérique entre en collision
avec la plaque européenne, ce qui provoque la formation des Pyrénées. Le
sud-est de la France ,
propulsé alors vers le nord-est d'une centaine de kilomètres, subit des
déformations dont une des plus importantes est celle du massif de la Sainte-Baume .
Une nappe de couverture, venant du sud, a raboté les anciens
reliefs, renversant leurs couches. Ainsi les couches plus anciennes recouvrent
des couches plus récentes.
Je poursuis dans la solitude sur
la crête calcaire qui s’étire vers l’est.
J’atteins le Joug de l’Aigle puis
le Signal des Béguines (1148 m ). J’y fais une petite
pause pour manger un fruit.
Sur le parcours, des odeurs
fortes, des crottes de moutons…
Au pas de Villecroze, alors que je
venais de constater que j’étais seul au monde, un groupe de randonneurs
atteint la crête. Mais
je ne suis pas leur itinéraire. Je rejoins la limite de la végétation et me
dirige vers le sud. Je dérange quelque peu un troupeau de moutons. La descente
est longue sous la forêt méditerranéenne. Longue, très longue… Par deux fois,
alors que j’avais atteint un vallon, il m’a fallu remonter un nouveau dénivelé,
malvenu en fin de parcours !
Vers 14h, j’atteins une route
dans le vallon du Raby où je pensais retrouver Viviane. Mais elle n’a pas osé
emprunter cette route, d’après elle trop étroite. Il me faudra donc marcher
pendant encore 40 minutes pour rejoindre Signes,
nichée au sud du massif.
Viviane m’attend sur un parking.
Pas très convivial, l’endroit, mais j’ai faim. En effet je n’avais pas prévu de
manger en cours de route (pas très raisonnable pour un randonneur
averti !).
Repas dans le Boxer et courte
sieste.
Nous
nous dirigeons vers Belgentier. Un petit camping agréable au bord d’un cours
d’eau, le Gapeau, nous accueille sur un emplacement enherbé où poussent les
pâquerettes.
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